ETHNOFLORENCE
INDIAN AND HIMALAYAN
FOLK AND TRIBAL ARTS
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LA DANSE DES MASQUES
*
Text Courtesy
of
ERIC CHAZOT https://ethnoflorence.wordpress.com/category/collection-eric-chazot/
PHOTO
FRANCOIS GUENET https://ethnoflorence.wordpress.com/category/collection-francois-guenet/
A
SPECIAL THANKS
TO
RAJU SHRESTHA
KATHMANDU
AU NEPAL,
DEUX REPORTERS ON PU ASSISTER AUX RITUELS CELEBRANT LA NOUVELLE ANNEE DANS LE VILAGE DE TRADITION HINDOUISTE
DE
RAYA
BUT DE CES CEREMONIES:
SE PROTEGER DES SORCIERES ET DES DEMONS.
LES RITES DE RAYA TEMOIGNENT DE LA COMPLEXITE
DU
SYNCRETISME RELIGIEUX
DANS CETTE REGION.
A Raya
le masques sont appelés
BANGPA
forme tibétaine
(bouddhiste)
employée dans ce village hindou de langue népalaise.
Si le nom népalais de
MOKUNDO
est également connu, le villageois ne l’utilisent pas.
Cela indiquerait-il une relation d’antériorité ou d’imitation avec les danses
masquées bouddhistes du Nouvel An?
D’autant que l’un d’entre eux
le Vieil homme aux dents
(photo 1)
a été acquis au Tibet
lors de danses masquées bouddhistes!
Si les menuisiers, habiles à manier l’herminette, sont les premier facteurs de
masques, il n’est pas rare que des villageois sculptent eux memes ces BAGPA
souvent pour des raisons économiques, pendant les longs mois passés seuls dans
les alpages à la belle saison.
Chacun s’attache à se singulariser et, le masque se pretant à la caricature,
donne libre cours à son imagination en créant ces visages déstructurés et
recomposés.
Les bois utilisés à Raya sont le rhododendron, le noyer et parfois le cèdre rouge.
*******
Il est midi.
Les terrasses du village de Raya, à l’extrème nord ouest du Népal, commecent à se remplir lentement.
En ce premier jour de l’année, le soleil se couchera dans deux heures seulement, masqué par les hauts sommets environnants de l'”Himalaya caché”, comme on surnomme parfois cette règion aux traditions hindoues.
Soudain, des rires et des cris de joie s’élèvent.
Du haut du village, accroché à un versant désertique de l’impétueuse rivière Karnali, la plus longue du pays,
des peronnages masques font leur apparition.
Suivis de grappes d’enfants, ils cheminent vers l’esplanade centrale où ils vont exécuter successivement cinq danses d’exorcisme appelées
KEL (“jeu”).
Elles célèbrent la fète lunaire de Bouwa Tihar,le Nuovel An, très peu connu, des populations Byanshi, soit 15.000 personnes réparties en 19 villages dont Raya.
Gràce à ces cérémonies, les habitants, aidés par les sept
DHAMI
du village, à la fois maitres religieux, devins et exorcistes, vont se protéger des sorcières et des démons.
Leur masque “BAGPA” maintenu à l’aide de turbans et d’ésharpes, cinq hommes s’avancent pour une première pantomime,
commémorant la défaite d’une sorcière qui exigeait autrefois la
vie des jeunes femmes et des enfants innocents.
Un Dhami, une jeune femme, son mari et un couple plus àgé entrent dans la danse.
Les jeunes époux, pour le plus grand plaisir des spectateurs, font semblant de copuler sous une couverture.
Plus tard, la femme mime l’accouchement en se cachant, pour protéger l’enfant des démons.
Hereusement, en ce jour particulier, le masque veille.
A la fois bouclier et écran, il repousse et désoriente les esprits malfaisants.
Puis, les personnages disparaisent dans les ruelles avant de se poursuivre.
La foule se bouscule et rit aux éclats, cette agitation étant alors censée commémorer un épisode marquant du Ramayana, l’une des épopées mythologiques hindoues, l’enlèvement de Sita, femme du prince Rama, par le démon Ravana.
Soudain,
un simulacre de cheval nommé
ARINO
apparait.
Il est monté par un homme grimé en femme.
Un homme masqué tire la monture, un autre la pousse.
Une armée de démons invisibles les porsuit.
La cavalière, qui n’est que la déesse
PARVATI
parèdre de
SHIVA
connait l’art de les chasser et de les détruire.
S’engage alors une
LUTTE MAGIQUE
dont Parvati et Arino sortiront vainqueurs.
D’autres combats mythologiques se succèdent, tels celui de
RAMA
et de son frère
LAXMAN
accompagnés de personnages étonnants:
SULPA
bouffon fumant le shilom;
MAKAL
(sans doute une déformation du sanskrit
MAHAKALA
– le Grand Noir- dieu du Temps),
chassant les démons…
La fete de
BOUA TIHAR
a commencé la veille par un brasier géant.
Les hommes ont amassé un immense tas de bois constitué de fagots, de branches et meme d’arbres entiers qu’ils on fait glisser le long des pentes abruptes depuis la foret au-dessus du village.
Les maisons ont été
REPEINTES
à l’argile blanche ou brune,
les habits levés et les bijoux sortis des coffres.
Avant d’allumer le feu, un dernier rituel se tient en fin d’après-midi: des prières (puja), des offrandes et des sacrifices sont adressés aux divinités.
Puis, à la nuit tombée, un Dhami accompagné par les notables se rend sur l’esplanade du village pour y récupérer des cendres enfouies l’année précédente.
A l’aide d’un
DYO
– une lampe à huile de bronze-
il enflamme les branchages, en l’honneur du dieu
SHIVA.
Toute la nuit, le feu illumine le village pour mieux le protéger.
CAR CE PASSAGE D’UN ANNEE A UNE AUTRE EST CONSIDERE
COMME DANGEREUX
le vieux tigre,
symbolisé par cette dernière nuit de l’année, est en train de mourir.
Mais il peut encore nuire et tuer.
De meme,
les sorcières et les démons
peuvent tenter une dernière attaque.
Les flammes devraient inciter le dieu à protéger ses fidèles.
Un oiseau et un coq sacrifiés ont été jetés dans le braisier.
Des hommes chantent et dansent, maniant boucliers et épées.
Apparait alors le vieux dhami Mandir Rokaya, maitre et chorégraphe des
cérémonies, arborant un collier de graines sacrées (rudraksha) sur la
poitrine et tenant une canne magique ornée de grelots.
Entre les danses, de jeunes hommes, pour montrer leur force, entament un
jeu difficile: ramasser avec les dents un clou posé par terre, accroupi en
équilibre sur un seul pied et sans poser les mains au sol!
Le rakshi (alcool de riz) coule à flots.
En paroles, tout est permis cette nuit-là.
Les pires obscénités se déversent, les hommes brocardent le femmes, sans souci
de tabous familiaux ni de castes.
Celles-ci osent des répliques égrillardes: “A cause de l’évolution de la société,
elle n’acceptent plus aussi facilment la domination masculine”
s’amuse le chef de village, Prem Bahadour.
Peu avant l’aube, les familles se dirigent vers la fontaine aux trois gargouilles,
à l’entrée du village, pour des ablutions de purification.
Les corps fument dans les brumes du Nouvel An.
Petits et grands se dispersent en un joyeux brouhaha.
Par petits groupes, ils vont frapper aux portes présenter leur
bons voeux et recevoir en échange des fleurs, des noix ou des
grains d’orge ou de riz.
Surtout, chacun prie ses voisins et ses proches
d’excuser les propos déplacés de cette nuit exceptionelle.
Une forme d’exorcisme qui partecipe à l’éloignement des démons.
Chacun sait que, pour le Nouvel An, il faut rire à tout prix.
***
ERIC CHAZOT WRITINGS
***
ROMANS
***
1976
Romandala, Presse Hyporéaliste. Katmandou
1995
Jhankri, Mandala Publication. Katmandou
***
ARTICLES ET CATALOGUES
*
1987
Himalayan Masks, Orientations, Hong Kong.
1988
Facing the gods, catalogue : “SITES” (Smithsonian Institution Travelling Exhibition Service)
1988
L’art primitif du Népal, Mc Millan dictionnary of art. Londres.
1989
Annapurna, un sanctuaire menaçé, GEO Magazine.
1990
Du primitif au classique, Ed Chabot. Paris
1993
Himalayan tribal Masks
Orientations
Hong Kong
1994
Masques Sherdukpen et Monpa
Musée Barbier-Mueller
Genève.
1995
Art tribal de l’Himalaya, revue Tribal Arts.
Paris / San-Francisco
1996
Himalayan Masks, revue Tribal Arts.
Paris / San-Francisco.
1996
Art et chamanisme dans l’Himalaya, revue Tribal Arts.
Paris / San-Francisco.
2000
Visions de sagesse, art du Tibet et de l’Himalaya, musée Déchelette de Roanne.
2000
Le Népal, Encyclopédie électronique Encarta
2002
Als die götter noch jung waren, Museum im Ritterhaus. Offenburg, Allemagne.
2003
Voyage en Mongolie, musée du carnaval et du masque. Binche, Belgique
2003
Masques de l’Himalaya, revue Art tribal Cosignataire avec M. Revelard conservateur du musée de Binche. Belgique.
2006
Sculptures primitives du Népal de l’ouest, revue Tribal Arts. Paris.
2006
Les pèlerins de la pleine lune, Sciences et Avenir. France
2006
Le jour où les chamanes sont rois, revue Animan. Suisse.
2006
L’art érotique du Népal, Sciences et Avenir. France
2010
La danse des masques, Sciences et Avenir. France
2010
Langage du visage, in “Le visage dans tous ses états”, Université Paris Descartes.
2011
La Danse Sacrée, in “Le Corps en Mouvement”, Université Paris Descartes
*
LIVRES D’ART
***
1991
Masks of the Himalayas
Eric Chazot et Lisa Bradley
Pace Primitive
New York
1993
Demons, gods and heros
Hong Kong Land property.
HK
1995
Le visage des dieux
Musée St Antoine l’Abbaye
France
1995
Art de la Chine et du Tibet
Musée Abbaye de St Riquier
France
2009
Art & Shaman, n° 1.
Eric Chazot et L & M Durand-Dessert.
ed LMDD
Paris
2011
Art & Shaman, n° 2.
Eric Chazot et L & M Durand-Dessert.
ed LMDD
Paris
*
Poesie
***
1976
Chants du Yab-Yum.
Presse Hyporéaliste
*
TRADUCTIONS
***
1981
Contes et Légendes du Népal. Editions errance
Paris
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***
*
Eric
je découvre( à l’instant ! ) ton texte : claire (lumineux oserais-je dire ), passionnant,qui se lit comme un conte. Merçi .
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Max, merci pour ce commentaire encourageant
si tu veux lire le texte complet il est dans Art & Shaman N° 2 en début de volume.
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Max, merci pour ce commentaire encourageant
si tu veux lire le texte complet il est dans Art & Shaman N° 2 en début de volume.
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